Livre : la pandémie de Covid-19 vue depuis mon cabinet, et d'ailleurs

Par le 3 avril 2023, actualisé le 03 Avr 23.

C'est avec grand plaisir que je vous annonce la parution prochaine du livre que j'ai écrit sur l'épidémie de Covid. Il raconte les premiers mois de la pandémie dans le cabinet où j'exerce, mais aussi en France et dans le monde.

C'est l'occasion de multiples réflexions sur les grandes pandémies, sur la notion de "guerre médicale" si souvent utilisée, sur l'utilité et la symbolique des masques, sur la décision médicale dans l'incertitude, sur la notion de "Gaïa" - autrement dit l'idée que la planète est soumise à des mécanismes de contrôle globaux et sur bien d'autres thèmes. Ce qui nous conduit à de nombreuses anecdotes et à de multiples réflexions sur la médecine et son histoire, la société, le profond impact de la pandémie sur nos esprits, notre vie quotidienne et notre environnement au sens large.

En ce sens, c'est un ouvrage qui illustre ce qu'est la médecine générale : une discipline où des connaissances limitées dans un grand nombre de domaines différents permettent de se faire une image globale d'une situation complexe.

À l'origine, cet ouvrage m'a été commandé par un éditeur à qui j'avais proposé un manuscrit tout à fait différent, dont nous parlerons sans doute un jour (*). Écrire tout en adaptant le cabinet à la pandémie a été un véritable défi. Mais aussi une expérience passionnante. Voici donc quelques extraits de l'introduction.

Pas un livre de vulgarisation médicale

Ce livre n’a pas été écrit comme un récit d’actualité, comme un essai politique ou polémique, ni comme un cours d’histoire, une réflexion sociologique, un livre de vulgarisation médicale — bien qu’il soit très sérieusement documenté**. Il tient plus ou moins de tout cela. On peut y suivre la première phase de l’épidémie de covid, jour après jour, observée de mon cabinet médical, de manière linéaire, comme un fil rouge. Ou blanc : un fil de blouse de soignant. En un mot, c’est une chronique au fil de laquelle j’ai essayé de m’intéresser à tous les aspects de la pandémie, et de laisser mes idées vagabonder pour en tirer le plus possible.

Pensée latérale

Car ce qui m’intéresse avant tout, c’est la pensée latérale, et l’écriture transversale qui lui est liée. Au lieu de se concentrer uniquement sur le thème principal, on laisse son esprit ouvert à la rêverie, aux associations d’idées. Et chaque fois qu’une étrangeté surgit, on s’arrête, on fait un pas de côté, on incline la tête, on se frotte la barbe, on fait tournicoter une mèche de cheveux entre ses doigts, on prend le temps de la considérer avec sympathie, et on se demande si quelque chose de nouveau pourrait en émerger, en se refusant à la rejeter d’emblée sous prétexte qu’elle est hors sujet. Il s’agit de dérailler volontairement, en se disant qu’une course lente, un peu zigzagante et folle au milieu du paysage est au moins aussi intéressante qu’un voyage rapide en ligne droite sur des rails bien assurés.
Ainsi lorsque au cours du récit de l’épidémie de la covid 19, on en vient à parler des masques et que surviennent les souvenirs émerveillés de masques africains, l’image de la tenue des médecins de la peste, ou des questions à propos de la facilité apparente qu’ont les Asiatiques à utiliser les masques de protection en public, en comparaison avec les Européens, ou encore l’étonnement face au rôle des communicants qui ont fait dire aux politiques des choses tellement étonnantes et contradictoires à ce sujet, et même une pensée à propos des premiers masques de combat de 1915, il n’est pas question de rejeter ces pistes. Au contraire, il s’agit de les cultiver. Tous ces éléments ont leur place dans la sorte de vision flottante et globale que l’on essaie de faire émerger à propos du monde et de la vie. Comme les photographes le savent bien, le grand angle fait perdre de la précision et entraîne des déformations, en particulier aux extrémités du champ de vision, mais ce flou et ces distorsions ont leur intérêt.

Coronavirus

Certaines photographies du coronavirus font penser à une fleur vénéneuse.
Sa rencontre peut-elle nous apprendre quelque chose de nous même,
de notre société et du monde dans lequel nous vivions ?
C'est tout l'enjeu de ce livre.

Une approche généraliste

La difficulté de cette approche, c’est qu’elle fait appel à une telle diversité de points de vue et de disciplines qu’il est impossible de les maîtriser tous. C’est le prix à payer pour élargir son champ de vision. Cette contrainte me ramène à mon métier de médecin généraliste, qui consiste souvent à s’appuyer sur une synthèse de toutes sortes de données afin d’en tirer quelque chose pour aider, autant que possible, les patients à aller mieux. Pourtant si l’on creuse un peu, il n’y a pas un seul domaine où le généraliste puisse se prétendre capable de « faire le tour des connaissances ». Un dicton peu connu du métier prétend que les médecins spécialistes savent tout sur rien, tandis que les généralistes ne savent rien sur tout. J’espère qu’il me sera pardonné de ne pas tout savoir.

Encyclopédique et humaine

« Tout » est un objet d’étude très vaste ! Mais pas forcément ou pas uniquement d’étude académique ou scientifique. Le simple fait de porter sincèrement attention à « tout » joue un rôle important, parce que la démarche en est transformée. Au cours d’une consultation, j’ai toujours eu l’impression qu’il était important et utile d’échanger à propos du métier de l’autre, ou de ses activités favorites, ou de musique, ou de lectures, ou de l’air du temps, ou de n’importe quoi pourvu que cela n’ait absolument aucun objectif concret précis. Cet échange permet de se reconnaître l’un l’autre comme humain, et pas seulement comme celui-qui-joue-le-rôle-du-soignant et celui-qui-joue-le-rôle-du-patient dans le petit théâtre du cabinet médical. Quitter nos déguisements de blouse blanche et de plaignant aide peut-être chacun à se rendre compte que l’autre a de la valeur en tant que tel, que la rencontre peut apporter au patient autre chose qu’un service concernant sa santé, et au médecin, autre chose que la satisfaction de gagner sa vie grâce à une activité honnête et utile. Si tous les deux le souhaitent, ce qui n’est évidemment pas obligatoire.


* Lorsque j'ai rendu le manuscrit demandé à l'éditeur, à peu de choses près au moment prévu, il en a remis la publication à plusieurs reprises. Mais à présent, la date limite est arrivée, à laquelle il est tenu de le faire imprimer et de le distribuer dans les plus brefs délais. L'ouvrage devrait donc être mis à la disposition du public avant le début de l'été.

** Les annexes, qui seront publiées sur internet, comprennent plus de 1000 références bibliographiques.


Sources :

  • Le titre du livre sera indiqué ici lorsqu'il pourra être pré-commandé. Le livre qui est mentionné sur certaines plateformes de vente n'est pas la version définitive et ne peut être acheté.

Crédit photo :
Image n°1 - "Corona Covid-19 Disinfection" par Jeyaratnam Caniceus sur Pixabay
(recadrée)
Image n°2 - "Novel Coronavirus SARS-CoV-2" par NIAID sur Flickr (recadrée)


Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Livre : la pandémie de Covid-19 vue depuis mon cabinet, et d'ailleurs" ; 03 Avr 2023 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-actualites/livre-la-pandemie-de-covid-19-vue-depuis-mon-cabinet-et-dailleurs/)
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