De nos jours, le diabète sucré est une maladie "contrôlée". On ne la guérit pas, mais les personnes diabétiques peuvent mener leur vie, avec leur profession, leurs activités, leur vie sentimentale et familiale. Il y a un siècle, le diagnostic de diabète signifiait la mort.
Dans le diabète sucré, les cellules deviennent incapables d'absorber et d'utiliser le glucose (un sucre), qui est leur source d'énergie. Le glucose s'accumule à l'extérieur des cellules. Il est alors rejeté par le rein dans les urines, où il attire beaucoup d'eau.
Diabète : la maladie de l'eau qui traverse
Les malades s'amaigrissent et s'affaiblissent, comme s'ils ne mangeaient pas. Ils urinent de grandes quantités : parfois jusqu'à 15 litres par jour. Et, par conséquent, ils ont constamment soif.
Le mot diabète vient du grec "qui traverse" : les anciens avaient assez vite compris que l'eau "traversait le corps des malades" au lieu de rester à l'intérieur. Et aussi qu'elle se chargeait en sucre au passage. Il suffisait de goûter les urines pour faire le diagnostic : c'était donc un diabète sucré.
Une maladie grave, surtout chez les enfants
Les enfants atteints de diabète d'évolution rapide (on parle maintenant de "diabète de type 1") mouraient souvent en moins d'une année. Les adultes atteints de diabète de la maturité ("diabète de type 2") vivaient plus longtemps. Mais ils devenaient souvent aveugles, souffraient de plaies des jambes et des pieds qui ne guérissaient jamais.
Chez les enfants diabétiques, lorsque le corps n'arrive vraiment plus à utiliser l'énergie, il fabrique des molécules inhabituelles, les "corps cétoniques" qui ont une odeur de pomme pourrie, vaguement sucrée, qui se répand dans la chambre du malade. En l'absence de traitement, le malade devient somnolent, puis sombre dans le coma et finit par mourir.
À la recherche d'un traitement
De nombreuses tentatives de traitement se sont montrées inefficaces. On a d'abord tenté de faire manger aux malades beaucoup de sucre, dans l'idée de compenser celui qui s'en allait dans les urines. Puis on a eu l'idée inverse : les empêcher de manger. Sans succès.
Ce n'est qu'au XIXe siècle que le rôle du pancréas a été découvert : enlever le pancréas à un chien entraînait un diabète sucré. Au début du XXe siècle, un médecin allemand fit boire à des malades des extraits alcooliques de pancréas de veau : certains sortirent de leur coma, mais seulement pour une très courte durée.
Des expériences sur les animaux montraient que les extraits de pancréas font baisser la glycémie (le taux de sucre dans le sang), mais aussi qu'ils étaient toxiques.
L'insuline, enfin
En 1920, des médecins canadiens (Banting et Best) firent subir à des chiens une ligature des canaux de leur pancréas afin de récupérer les sécrétions de la partie du pancréas qui survivait après cette opération. Ils prouvèrent assez vite que ces sécrétions avaient la propriété de faire baisser la glycémie (le taux de sucre) dans le sang des chiens. Il fallut plus d'une année pour trouver un moyen d'extraire de manière fiable et efficace les sécrétions pancréatiques, et d'en éliminer les éléments pouvant provoquer des réactions, avec l'aide d'un jeune chimiste.
Début janvier 1922, un jeune malade de 14 ans reçoit les premières injections d'extraits pancréatiques, après que les médecins les aient essayés sur eux-même pour s'assurer de l'absence de toxicité. Il restait encore à fabriquer des extraits de manière stable et en quantité suffisante pour traiter régulièrement des malades…
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Crédit image : n°1 : "Cristaux de sucre" th3sly sur VisualHunt
n°2 : "Remarkable discovery" Kohane sur VisualHunt
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Sources
- "Insuline100 : la découverte et le développement", "Le diabète avant 1920", "Convaincre McLeod", "Banting et Best - progrès et incertitudes au laboratoire", "La magie a opéré ! Et maintenant ?" Moments déterminants Canada, https://definingmomentscanada.ca/fr
- - Anonyme "Le traitement du diabète, de 1921 à aujourd’hui" Diabète Québec, www.diabete.qc.ca/fr