Cancer localisé de la prostate : choisir son traitement

Par le 15 octobre 2021, actualisé le 10 Mar 22.

Les cancers de la prostate détectés par dépistage sont généralement d'évolution lente. Il est possible de choisir entre surveillance attentive, chirurgie et radiothérapie, en fonction du risque d'évolution défavorable de la maladie, des effets indésirables des traitements et des souhaits des patients.

Chez les hommes des pays riches, les cancers les plus fréquents sont ceux de la prostate. Ils sont le plus souvent détectés après l'âge de 65 ans sans avoir provoqué de symptômes, à partir d'un dépistage par prise de sang (dosage de l'antigène prostatique spécifique ou PSA) confirmé par des biopsies. En général, ils sont alors "localisés", c'est-à-dire qu'ils ne dépassent pas les limites de la prostate.

On évalue le risque d'évolution défavorable à partir de l'aspect des biopsies au microscope (résumé par le score de Gleason), de l'extension de la tumeur et du dosage sanguin de PSA. Ce risque est alors classé comme "faible", "intermédiaire" ou "élevé" (a).

Une évolution souvent lente

L'évolution des cancers localisés de la prostate est souvent lente. Si lente qu'un grand nombre de cancers découverts par dépistage (et confirmés par biopsie) n'auraient eu aucune conséquence sur la santé des patients s'ils n'avaient pas été découverts. Les personnes seraient mortes d'une autre cause, sans avoir jamais souffert de leur cancer. On estime que sur 100 cancers à risque "faible" ou "intermédiaire" dépistés, 30 à 80 n'auraient jamais posé aucun problème de santé.

C'est pourquoi il n'est pas forcément nécessaire de traiter immédiatement. Suivant sa situation de santé, les caractères de la tumeur et ses préférences personnelles, on a le choix entre surveillance active, chirurgie et radiothérapie.

La difficulté à uriner est le plus souvent un symptôme d'hypertrophie bénigne de la prostate, et bien plus rarement, d'un cancer de la prostate.

La surveillance active

Elle comporte des prises de sang répétées (par exemple tous les 3 mois) et selon les cas, des examens cliniques avec toucher rectal, des biopsies de la prostate, parfois des examens par résonance magnétique (IRM). Elle peut être adaptée à la situation particulière de chaque personne et à ses choix.

La chirurgie

Consiste à enlever la totalité de la prostate : c'est la prostatectomie ou ablation totale de la prostate. En cas de cancer localisé sans symptôme, à risque faible ou modéré d'évolution défavorable, la prostatectomie diminue le risque de métastase, mais n'augmente pas la durée de vie. À l'inverse, lorsqu'il existe des symptômes ou que la tumeur est palpable au toucher rectal, la prostatectomie allonge la durée de vie, surtout chez les malades de moins de 65 ans. On manque de données en cas de risque élevé d'évolution défavorable.

La prostatectomie peut se compliquer d'hémorragies, de lésion du rectum, d'infections, d'accidents cardiovasculaires, etc. Elle provoque des insuffisances de l'érection (chez environ 2 hommes sur 3) et des incontinences urinaires (chez environ 1 homme sur 4).

La radiothérapie

Elle consiste à envoyer des rayons par voie externe ou en implantant un produit radioactif dans la prostate. Elle semble moins allonger la durée de vie et moins réduire le risque de métastase que la chirurgie, mais elle provoque moins d'insuffisances d'érection et d'incontinences urinaires. Les rayons peuvent provoquer de nombreux effets indésirables qu'on ne sait pas vraiment empêcher. Un traitement hormonal est parfois associé à la radiothérapie pour en augmenter l'efficacité, mais lui aussi provoque des effets indésirables.

Une fois bien informée, c'est à la personne concernée de décider si elle souhaite un traitement, et de quel type. Il est important de tenir compte des caractères de la tumeur, mais aussi de son état de santé général et de l'importance qu'on accorde aux bénéfices potentiels et aux inconvénients de chaque option.

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a- Le risque d'évolution défavorable est classé comme "faible" ou "intermédiaire" lorsque le score de Gleason est inférieur ou égal à 7, que la tumeur est limitée à une seule des deux parties (ou lobes) de la prostate et que les PSA sont inférieurs à 20 nanog/ml.

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Article rédigé par Jean Doubovetzky sans conflit d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

Crédit photo : ЯAFIK ♋ BERLIN on Visualhunt

Sources

- Prescrire Rédaction “Cancer localisé de la prostate” Premiers Choix Prescrire actualisation avril 2021 : 5 pages.
- Prescrire Rédaction "Dépistage des cancers de la prostate par PSA" Rev Prescrire 2019 ; 39 (428) : 249-450.
- Kein EA et coll. "Prostate cancer. Risk stratification and choice of initial treatment" et Klein EA et coll. "Initial approach to low- and very low-risk clinically localized prostate cancer". In: UpToDate, Post TW (Ed), UpToDate, Waltham, MA, USA. (Téléchargés le 20 juillet 2021)

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Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Cancer localisé de la prostate : choisir son traitement" ; 15 Oct 2021 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-medecine/cancer-localise-de-la-prostate-choisir-son-traitement/)
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