Inégalités de santé chez les enfants en France

Par le 12 janvier 2024, actualisé le 12 Jan 24.

Une vaste étude française confirme qu’un désavantage social est lié à une moins bonne santé chez les enfants. C’est en particulier le cas pour la santé mentale.

Différents marqueurs de désavantage social

Les chercheurs utilisent plusieurs éléments pour repérer un "désavantage social". Le premier est l’attribution d’une "couverture maladie universelle complémentaire" qui n’est accessible que sous condition de faibles ressources : pour l’obtenir, il faut que les ressources annuelles ne dépassent pas un certain plafond, inférieur au seuil de pauvreté. Le second critère est le fait de résider dans un telle ou telle zone d’habitation, car ces zones sont classées en 5 groupes, des plus favorisées au plus défavorisées sur le plan socio-économique. L’étude à confirmé que le taux de CMUc était bien corrélé à la situation géographique (a).

Le classement des maladies

Le système français de relevé et de surveillance des maladies est peu performant. Les auteurs ont exploité les données du Système national des données de santé concernant plus de 13 millions d’enfants pendant un an à partir de la fin 2018. Ce système couvre près de 99 % de la population résidant légalement en France.
Ce système donne accès aux diagnostics portés lors d’hospitalisations en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie. Ces diagnostics sont codés et les auteurs se sont attachés à rechercher les diagnostics correspondant à des situations dans lesquelles des hospitalisations auraient pu être évitées si une prise en charge plus efficace avait été mise en œuvre en médecine extra-hospitalière.

Les maladies graves sont plus nombreuses chez les enfants pauvres

Le lien entre désavantage social (autrement dit, la pauvreté) et les maladies est facile à voir dans l’étude. Ainsi, des quartiers les plus favorisés aux plus défavorisés, le taux d’affections graves reconnues (maladies classées "affections de longue durée" ou ALD par l’assurance maladie) passe de 1,5 % à 1,9 %, 2,6 %, 3,9 %, 4,8 % et finalement 5,2 %. Le taux de maladies graves est donc multiplié par 3,5 quand on passe des beaux quartiers aux quartiers pauvres.
On pourrait multiplier les exemples. Parmi les maladies graves qui augmentent le plus chez les enfants pauvres en France : les troubles envahissants du développement, l’asthme, les troubles du langage, l’épilepsie, les retards mentaux, le diabète sucré, la scoliose, etc.
Les hospitalisations sont plus fréquentes si les enfants sont plus pauvres. Et les diagnostics hospitaliers de maladies digestives et de maladies respiratoires, par exemple, sont plus nombreux.

Les maladies liées à la grossesse, à l'accouchement
et aux tout premiers jours de vie
sont également fortement liés à la pauvreté et au niveau social.

Pas beaucoup plus d’hospitalisations évitables

Les situations pouvant permettre d’éviter une hospitalisation sont un petit peu plus fréquentes avec la pauvreté, mais elles sont loin d’expliquer la différence en nombre d’hospitalisations. Ces situations sont en particulier les déshydratations et gastro-entérites, les bronchiolites, les otites et l’asthme. Ces données ne confirment donc pas l’hypothèse que si les enfants pauvres sont plus malades, c'est en raison du comportement de leurs parents.
Le mal-logement, la mal-bouffe et la pollution sont des explications bien plus probables.

a- Le pourcentage global d’enfants bénéficiaires de la CMUc était de 17,5 %. Il était seulement de 8,5 % dans les zones d’habitation les plus favorisées et de 29,7 % dans les zones les moins favorisées.

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Lire aussi :
- Inégalités de santé
- Accélérer l’effondrement du système de santé
- Traitements psychiatriques chez l’enfant : la grande misère

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Sources
- Tuppin P et coll. "Pathologies et désavantage social des moins de 18 ans en France métropolitaine, en 2018, à partir des données du SNDS" Bull Épidémiol Hebd. 2024 ; (1) : 2-10.

Crédits photo :
Image n°1 : "Madrid scènes de rue" par George Eastman Museum sur Flickr (recadré)
Image n°2 : "Newborns in incubator" par UNICEF Ethiopia (recadré)

Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Inégalités de santé chez les enfants en France" ; 12 Jan 2024 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-societe/inegalites-de-sante-chez-les-enfants-en-france/)
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