Combattre la douleur des vaccins chez les enfants

Par le 27 février 2023, actualisé le 27 Fév 23.

Les vaccins recommandés ou obligatoires sont nombreux. Des médicaments antidouleur sont proposés pour les rendre moins pénibles aux enfants, mais on peut combattre très efficacement la douleur des vaccins par des moyens non médicamenteux. Tour d'horizon.

Crème ou patch anti-douleur

Il existe des crèmes et des patchs (ou "timbres") contenant des anesthésiques locaux : lidocaïne et prilocaïne (marque Emla° ou autres). Quelques essais montrent qu'ils diminuent la douleur des vaccinations. Mais leur efficacité est incomplète.
Et ils ont des effets indésirables. Ils peuvent provoquer des réactions allergiques parfois graves. Chez les personnes atteintes de déficit en G6PD ou favisme (une affection génétique fréquente autour de la méditerranée), cette crème peut provoquer une anomalie de l'hémoglobine des globules rouges, qui devient incapable de transporter l'oxygène (la méthémoglobinémie).

Relativement peu utiles en pratique

C'est ce qui explique les limites très strictes de leur utilisation chez les nourrissons :
- interdit chez les enfants prématurés nés avant 37 semaines de grossesse ;
- interdit chez les nourrissons de moins d'un an traités par des médicaments pouvant augmenter le risque de méthémoglobinémie ;
- et surtout : chez les nourrissons de moins de 3 mois JAMAIS PLUS D'UNE DOSE par 24 heures. Chez les enfants âgés de 3 à 12 mois, on peut utiliser au maximum deux doses sur 24h, à condition de les séparer d'au moins 12 heures. Chez les enfants plus âgés, on peut utiliser un nombre de doses plus élevé.
La crème ou le patch ne doit pas être laissé en place plus d'une heure.
Ces limites interdisent de les utiliser de manière vraiment utile dans les nombreux cas où on effectue chez des enfants deux vaccins au cours de la même consultation, en cas d'attente un peu prolongée, etc.
De plus, les effets indésirables locaux sont fréquents : rougeur, pâleur, œdème local, sensations de brûlure ou envie de se gratter…
Au total, ces anesthésiques locaux ne sont pas faciles à utiliser chez les jeunes enfants. Et lorsqu'ils sont utilisés, leur effet antidouleur n'est pas total. Ils peuvent éventuellement jouer un rôle d'appoint, mais vu l'efficacité des autres méthodes, ils ne sont pas indispensables.

Pour les nourrissons, le meilleur antidouleur est la tétée au sein

Avant l'âge de 12 mois, mettre l'enfant au sein avant et pendant la vaccination est la méthode de lutte contre la douleur la mieux établie. Si l'enfant n'est pas allaité, on peut lui proposer un biberon contenant un peu d'eau sucrée, en commençant une à deux minutes avant l'injection (pendant que le soignant prépare la ou les seringues et remplit le carnet de santé).
Si deux vaccins doivent être administrés, le mieux est de les injecter en même temps (il faut deux soignants). Sinon, l'ordre des vaccins joue un rôle. Mieux vaut terminer par les vaccins contre le pneumocoque ou contre la rougeole-oreillons-rubéole.
Il serait préférable que les vaccins soient à température de la pièce et non pas trop froids.
Chez le nourrisson, le meilleur lieu d'injection est la face antérieure et externe de la cuisse : il y a de la place, peu de nerfs sensitifs et peu de vaisseaux.
Après l'injection, les parents savent généralement ce qui peut les calmer : les bercer, leur parler ou leur chanter quelque chose, les serrer contre eux, etc.

Chaque soignant a sans doute ses trucs personnels. Je n'aime pas injecter les vaccins en tenant la seringue entre l'index et le majeur et en poussant le piston avec le pouce (photo du haut). Mon geste est alors imprécis, voire hésitant, et la poussée sur le piston est lente.
Je préfère tenir le corps de la seringue entre le pouce et le majeur, et appuyer avec l'index sur le piston (photo du bas). Je peux enfoncer mon aiguille d'un geste rapide, pousser très vite le piston et retirer ma main immédiatement.
Pour les soignants : technique d'injection
Il serait bon de stimuler la peau juste avant la vaccination, par exemple en prenant la peau de la cuisse avec la main. L'injection intramusculaire doit être suffisamment profonde mais l'aiguille ne doit pas toucher l'os. Une injection rapide fait moins mal qu'une injection plus lente. Si le geste est lent, l'enfant risque de bouger et de contracter son muscle autour de l'aiguille, augmentant la douleur.

Chez les plus grands, la distraction est utile

Au-dessus de l'âge de 2 ou 3 ans, les enfants ne tètent plus. Il faut alors utiliser une méthode de distraction, visant à focaliser l'attention de l'enfant sur autre chose que le vaccin. On peut utiliser la parole, le jeu, le chant, du son ou de la vidéo… chacun sa méthode. L'important est que le cerveau de l'enfant soit occupé à autre chose qu'à attendre avec crainte l'injection qui va venir.
Après l'injection, les familles ont souvent une tradition antidouleur comme caresser la peau, y faire un bisou, prendre l'enfant dans les bras ou "souffler pour faire partir le mal".
Il arrive (rarement) que l'injection soit suivie d'une douleur prolongée, parfois accompagnée d'un petit gonflement et d'une rougeur. L'administration d'un médicament antidouleur est alors parfois utile : on choisit de préférence du paracétamol.

Lire aussi : 
- Le véritable nom des médicaments
- Paracétamol : à bien utiliser pour plus de sécurit

- - - - - - - - - - - - - - - - -

Sources :
- Prescrire rédaction "Lidocaïne+Prilocaïne. Ema° 5% crème" et " Lidocaïne+Prilocaïne avant trois mois : à utiliser à bon escient" Rev Prescrire 1995 ; 15 (154) : 574-577 et 2020 ; 20 (202) : 19-22.
- "Emla° 5% crème" et "Emlapatch° 5%, pansement adhésif cutané", Résumés des caractéristiques du produit, mises à jour 31 12 2020 et 07 04 2022, Base de données publique des médicaments, 9 pages et 7 pages, téléchargés le 27 02 2023.
- Drutz JE et coll. "Standard immunizations for children and adolescents: Overview" In : UpToDate, Post TW (Ed), UpToDate, Waltham, MA, USA. (Mise à jour en janvier 2023).
- Wu Y, Zhao Y, Wu L, et coll. "Non-Pharmacological Management for Vaccine-Related Pain in Children in the Healthcare Setting: A Scoping Review". J Pain Res. 2022 ; 15 : 2773-2782.
résumé dans
- Méresse I "Comment combattre (sans médicament) la douleur de la vaccination pour le nourrisson" 29 novembre 2012 - JIM.fr
- Harrison D et coll. "Breastfeeding for procedural pain in infants beyond the neonatal period (Review)" Cochrane Database of Systematic Reviews 2016, Issue 10. Art. No.: CD011248. DOI: 10.1002/14651858.CD011248.pub2.

Crédit photo :
- Image n°1 : "2010 - 163s" par Lapimel sur Flickr
- Image n°2 : n°2 - "Tenir une seringue" Copyright Jean Doubovetzky

- - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Combattre la douleur des vaccins chez les enfants" ; 27 Fév 2023 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-actualites/combattre-la-douleur-des-vaccins-chez-les-enfants/)
PARTAGER CET ARTICLE :