L’eau en bouteille est moins bonne pour la santé que l’eau du robinet. Elle est aussi moins bien contrôlée et beaucoup moins écologique. Et aux dernières nouvelles, certaines eaux seraient contaminées par de l’arsenic !
Des risques de contamination des eaux minérales en bouteille
Un rapport du Sénat français du 16 octobre 2024 rappelle que ce qui justifie le prix de vente de l’eau minérale naturelle (environ 200 fois le prix de l’eau du robinet), c’est en principe qu’elle provient d’une source naturellement pure et protégée, et qu’elle n’a donc pas besoin d’être traitée. Pourtant les marchands d’eau minérale ont eu clandestinement recours à des traitements interdits pour supprimer des contaminations par microbes… entre autres fraudes mises en évidence par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Les sénateurs expliquent aussi que les autorités réglementaires françaises laissent les embouteilleurs utiliser des filtres anti-microbes à 0,2 micron ce qui, sur des eaux non conformes, pourrait exposer les consommateurs à un risque sanitaire : ingestion de virus, voire de bactéries. Ce qui n’est pas conforme à la réglementation européenne.
Des plastiques en suspension et des contaminations microbiennes dans les bouteilles d’eau
Comme nous l’avons déjà rapporté, l’eau en bouteille plastique contient de grandes quantités de microplastiques (ici). Boire un litre d’eau en bouteille aboutit à avaler plus de 200 000 particules de nanoplastiques. Ces plastiques proviennent des bouteilles elles-mêmes, du traitement de l’eau avant embouteillage (par exemple, des membranes de filtration) et pour une petite partie, de la pollution de l’environnement.
Un rapport provisoire du Sénat daté du 14 novembre 2024 explique que globalement moins de 10 % des plastiques sont recyclés et que plus de 20 % finit dans la nature. Ils se fragmentent peu à peu pour aboutir à des nanoplastiques, c’est à dire des fragments minuscules de plastique. Les nanoplastiques pénètrent le corps humain avec les boissons et les aliments, mais aussi avec l’air inspiré.
Les nanoplastiques sont notamment transportés par le sang et peuvent atteindre le placenta, les testicules où le cerveau. Les conséquences en sont mal connues, mais il y a peu de chances pour que ce soit bénéfique.
De l’arsenic dans certaines bouteilles d’eau
En 2022, à la suite d’une dénonciation, les autorités sanitaires ont découvert que derrière de faux murs en inox, camouflés par des armoires, se trouvaient des installations de traitement interdits des eaux minérales « naturelles » que Nestlé commercialise sous les noms de marque Contrex, Hépar et Vittel. Ces « eaux de source » vendues en bouteille sont censées avoir été filtrées par leur passage sous terre et il est donc interdit de leur appliquer certains traitements visant à les purifier ou à les désinfecter.
Au même moment, les ingénieurs de Nestlé rédigent un rapport interne dont chaque page indique qu’il « ne doit être ni copié ni transmis à un tiers ». Seuls, quelques haut responsables de la firme sont ainsi informés que les eaux de Nestlé contiennent parfois un taux d’arsenic supérieur aux normes : 13 microgrammes par litre (μg/L) alors que le taux maximum autorisé est de 10 μg/L. Or ce taux autorisé de 10 μg/L est déjà très élevé, notamment par comparaison avec les autres pays européens où il est souvent de 2 à 3 μg/L. Et le taux réel pourrait occasionnellement être encore plus élevé que 13 μg/L.
Une telle quantité d’arsenic dans les eaux de boisson est suffisante pour provoquer des cancers (du poumon, de la vessie, de la peau), mais aussi des maladies du cœur et des vaisseaux ou du diabète. Et aussi pour avoir des effets sur le développement du cerveau les fœtus et des enfants.
De l’eau du robinet, pas d’eau en bouteille !
Les responsables de Nestlé ont expliqué que les auteurs du rapports, maitrisant mal l’anglais, avaient oublié de le rédiger au conditionnel, et que les contaminations indiquées n’étaient que des suppositions. Une réponse qu’on peut trouver assez culottée, de la part d’une firme connue pour avoir systématiquement menti aux autorités sanitaires pendant 15 ans !
Une plainte a été déposée par l’ONG Foodwatch selon laquelle un traitement des eaux St-Yorre et Vichy Célestins par du sulfate de fer est utilisé depuis les années 1980 pour diminuer le taux d’arsenic.
On ne le répètera jamais assez : l’eau du robinet est plus saine et mieux contrôlée que l’eau en bouteille. Elle est bien moins chère et bien meilleure, y compris pour les biberons.
Il arrive que le traitement de l’eau du robinet laisse une odeur de chlore, qui disparaît très généralement si on laisse l’eau en carafe pendant quelques heures. En cas de mauvais goût, filtrer l’eau à l’aide d’une carafe filtrante en métal ou en verre (pas en plastique !)
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Sources :
- Sénat de la République Française "Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires économiques (1) sur les politiques publiques en matière de contrôle des traitements des eaux minérales naturelles et de source, par Madame Antoinette Guhln Sénatrice" Paris : Sénat ; 16 oct. 2024. Rapport n° 42.
- Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques sur "Les impacts des plastiques sur la santé humaine, par Monsieur Philippe Bolo, député" Paris : POECST ; 14 nov. 2024. Rapport n° 560 de l’Assemblée nationale, n° 141 du Sénat.
– Pascariello P "Un rapport confidentiel de Nestlé révèle un « risque élevé » d’arsenic dans les eaux de Vittel" Mediapart, 31 octobre 2024.
– "Nestlé Waters" Wikipedia, l’encyclopédie libre, mis à jour le 11 novembre 2024, 7 pages.
– "Eaux filtrées illégalement : deux nouvelles plaintes de foodwatch visent Nestlé et Sources Alma" Foodwatch, 25 septembre 2024.
– "Bouteilles d’eau frelatées : deux nouvelles plaintes contre Nestlé" Reporterre, 25 septembre 2024.
Crédits photo :
- Image n°1 : "Arsenic - Alder Island, British Columbia, Canada" par Pacific Museum of Earth sur Flickr (recadré)
- Image n°2 : "Squished plastic water bottle thrown on the ground" par Ivan Radic sur Flickr (recadré)