De nombreuses personnes prennent des médicaments inhibiteurs de la pompe à proton pour lutter contre leurs brûlures d'estomac. Prendre ces médicaments pendant des mois et des années peut provoquer des effets indésirables graves. Mais lorsqu'on s'y est habitué, l'arrêt de ces médicaments provoque un rebond acide et le retour des douleurs. Il existe cependant une manière de faire pour arrêter ces médicaments sans souffrir.
Les médicaments "antiacides" et les "IPP"
Pour lutter contre les brûlures d'estomac, on utilise parfois des anti-acides qui luttent contre l'acide produit par l'estomac. On les surnomme parfois "pansements gastriques". En France, les médicaments de ce type contiennent de l'alginate de sodium associé à du bicarbonate, en flacons ou en sachets (a).
Il existe aussi de puissants médicaments qui empêchent l'estomac de fabriquer de l'acide. Ce sont les inhibiteurs de la pompe à protons ou IPP. Leur nom officiel (la dénomination commune internationale) se termine par -prazole (mais pas -piprazole). En France, ce sont le lanzoprazole, l'oméprazole (ou l'ésoméprazole), le pantoprazole et le rabéprazole (b).
a- Ces anti-acides à base d'alginate de sodium et de bicarbonate sont vendus en France sous les noms de marque Gaviscon°, Gavisconnell°, Gavisconpro°, Maalox° et de nombreuses marques génériques. Certains contiennent aussi des sels d'aluminium ou de magnésium.
b- Ces médicaments inhibiteurs de la pompe à proton sont vendus en France sous les noms de marque Eupantol°, Inexium°, Ipraalox°, Inipomp°, Lanzor°, Mopral°, Ogast°, Ogastoro°, Pariet°, Zoltum° et de nombreuses marques génériques.
Des risques non négligeables
L'acidité de l'estomac joue des rôles importants. En particulier, elle détruit un certain nombre de microbes qu'on avale avec l'alimentation, et elle aide à absorber certaines substances.
Prendre des inhibiteurs de la pompe à proton pendant un certain temps peut favoriser certaines infections digestives, mais aussi pulmonaires, parfois avec des bactéries multirésistantes. Cela peut aussi provoquer un défaut d'absorption du calcium (risque de fractures), du magnésium, de la vitamine B12 et du fer (risque d'anémie) (c)
Surtout, des études ont montré que les personnes prenant des IPP depuis un certain temps avaient un risque de mourir plus élevé. Il est donc bien préférable de limiter le traitement à une durée raisonnable de 5 à 8 semaines.
c- Ces médicaments peuvent avoir d'autres effets indésirables connus : troubles neuropsychiques (maux de tête, vertiges, fatigue, troubles de la sensibilité, vision trouble, insomnie) ; troubles digestifs (diarrhée, constipation, nausées et vomissements, flatulences, douleurs abdominales) ; douleurs articulaires et musculaires ; atteintes immuno allergiques ; baisse du sodium dans le sang, maladies du rein.
Diminuer et arrêter les inhibiteurs de la pompe à proton
Si on a pris des inhibiteurs de la pompe à proton (des -prazole) pendant trop longtemps, arrêter n'est pas si facile. En effet, à l'arrêt, l'estomac se met à produire encore plus d'acide : c'est le "rebond". Du coup, les douleurs reviennent, et il est tentant de croire qu'on ne pourra "jamais arrêter".
Plutôt que de se faire du mal et d'aller à l'échec, mieux vaut prendre une méthode progressive et douce. Chaque étape peut durer quelques semaines, et même plus :
- Diminuer la dose jusqu'à prendre la dose minimum possible une fois par jour
- Passer à une dose un jour sur deux (par exemple seulement les jours pairs)
- Prendre le médicament seulement "au besoin", en cas de symptômes trop gênants
- Arrêter complètement.
Quelques aides complémentaires
À chaque stade, on peut s'aider en prenant des anti-acides si des brûlures d'estomac reviennent. Attention, si vous avez pris un autre médicament, attendez au moins deux heures avant de prendre un anti-acide. Et si vous avez pris un anti-acide, attendez au moins deux heures avant de prendre un autre médicament.
Si nécessaire, à chaque stade, on peut aussi revenir au stade précédent pour une courte période.
D'autres conseils peuvent aussi aider à diminuer ou à stopper les maux d'estomac : limiter ou arrêter les anti-inflammatoires et leur préférer le paracétamol ; diminuer ou arrêter la consommation d'alcool et de tabac ; surélever la tête du lit ; perdre du poids en cas de surpoids ou d'obésité ; repérer les aliments qui déclenchent des douleurs (par exemple le café, le chocolat, les épices) et les éviter…
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Lire aussi :
- Inhibiteurs de la pompe à proton contre douleurs gastriques
- Paracétamol : à bien utiliser pour plus de sécurité
- Choisir un anti-inflammatoire
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Sources :
- Vakil NB et coll. " Antiulcer medications: mechanism of action, pharmacology, and side effects" et Wolfe M et coll. “Proton pump inhibitors: Overview of use and adverse effects in the treatment of acid related disorders“. In : UpToDate, Post TW (Ed), UpToDate, Waltham, MA, USA. (Mises à jour mars 2023)
- Prescrire Rédaction "Inhibiteurs de la pompe à protons : savoir éviter les risques injustifiés et savoir "déprescrire"" Rev Prescrire 2021 : 41 (450) : 256 et “Arrêt d’un traitement par inhibiteur de la pompe à protons” Rev Prescrire 2022 ; 42 (464) : 452-543
Crédit photo :
- "Estomac" d'après L. Testut "Anatomie humaine"
In Pizon A. "Anatomie et physiologie humaines"
Paris, Gaston Douin éditeur, 6e édition, 1925, page 287
(photo J. Doubovetzky)