À dose adaptée, l'efficacité des différents anti-inflammatoires est peu différente. C'est la fréquence et la gravité de leurs effets indésirables qui fait la différence. En 2022, les plus sûrs sont l'ibuprofène et le naproxène.
Dans mon dictionnaire des médicaments, plus de cent spécialités sont rangées dans la rubrique "anti-inflammatoires" (a). Mais si les noms de marque (ou de fantaisie), les présentations et les dosages sont nombreux, il n'y a en réalité qu'une vingtaine d'anti-inflammatoires différents (b).
Les anti-inflammatoires agissent dans de très nombreuses régions du corps, ce qui explique à la fois leur efficacité sur des nombreux symptômes et la diversité de leurs effets indésirables.
Les médicaments sont nommés par leur dénomination commune internationale, autrement dit, par le nom que leur donne l'OMS (sans majuscule, en italiques). Le nom de marque est éventuellement indiqué entre parenthèses et marqué d'une majuscule et du signe °. Lire à ce sujet l'article "Le véritable nom des médicaments".
Peu de différence d'efficacité
Les anti-inflammatoires sont le plus souvent utilisés pour diminuer la douleur et les gonflements, pour lutter contre la fièvre, pour traiter les douleurs des règles ou les douleurs articulaires. Et parfois dans d'autres situations plus rares. Les différents anti-inflammatoires sur le marché sont dosés de manière à avoir à peu près la même efficacité. Mais ils ont des effets indésirables nombreux et variés, parfois graves.
Le paracétamol suffit souvent
La première question à se poser est donc : ai-je vraiment besoin d'un anti-inflammatoire ? Le paracétamol (encore appelé acetaminophène) n'est pas un anti-inflammatoire. Sauf dans des cas particuliers rares, il provoque moins d'effets indésirables. Très souvent, il permet de contrôler suffisamment la douleur ou la fièvre. Par exemple en cas de fièvre (notamment chez les enfants), de mal de tête ou de gorge, de douleur due à l'arthrose... Si le paracétamol suffit (sans dépasser la dose recommandée), alors c'est généralement le meilleur choix.
Gare aux légendes
Les guerres commerciales expliquent que certains anti-inflammatoires ont une réputation de meilleure efficacité dans certains domaines. Par exemple, le flurbiprofène (Antadys°, Cébutid°) est réputé plus efficace contre les douleurs des règles. En réalité, les données ne semblent pas bien convaincantes. Et le flurbiprofène ne fait pas partie des anti-inflammatoires de premier choix.
Des anti-inflammatoires à éviter
La rédaction Prescrire rédige ses avis en toute indépendance, après une recherche documentaire systématique, aussi complète que possible, avec une grande rigueur (voir ici et là). Pour elle, certains anti-inflammatoires font courir des risques particuliers, et il est donc logique de les écarter :
- le diclofénac (Voltarène° et autres) et l'acéclofénac (Cartrex° et autres) entraînent plus de risques de crise cardiaque (infarctus du myocarde) et d'attaque cérébrale (accident vasculaire cérébral) ;
- les "coxibs" provoquent également plus d'effets indésirables cardiaques et cutanés : célécoxib (Célébrex° et autres), étoricoxib (Arcoxia° et autres), parécoxib ;
- le kétoprofène (Profénid° et autres) semble provoquer plus d'effets indésirables digestifs ; en gel cutané, il peut provoquer des effets indésirables cutanés graves ;
- les "oxicams" ont plus d'effets indésirables digestifs et cutanés (dont des maladies bulleuses parfois graves) : méloxicam (Mobic° et autres), piroxicam, (Brexin°, Feldène° et autres) ténoxicam (Tilcotil°).
Des anti-inflammatoires à préférer
Pour la rédaction Prescrire, certains anti-inflammatoires sont préférables. Parce que leur efficacité est équivalente, et qu'ils provoquent moins d'effets indésirables courants (comme des maux d'estomac) et surtout moins d'effets indésirables graves (comme les troubles cardiaques ou cutanés graves).
Ce sont l'ibuprofène (Antarène°, Nurofène° et autres) à la dose maximum de 400mg matin midi et soir et le naproxène (Apranax°, Antalnox°, Naprosyne° et autres) à la dose maximum de 500mg (ou 510, selon les cas) matin et soir. Dans les deux cas, mieux vaut prendre la dose minimum efficace (si 200mg d'ibuprofène suffisent, tant mieux) pendant le moins de temps possible, et avaler les médicaments en position debout ou assise avec un verre d'eau, au milieu des repas
a- Les médicaments anti-inflammatoires sont de deux sortes. Les anti-inflammatoires stéroïdiens sont des dérivés de la cortisone. Les autres sont des anti-inflammatoires non stéroïdiens : ce sont d'eux qu'on parle ici sous le nom simplifié "anti-inflammatoires". b- En France, le véritable nom des médicaments (utilisé ici) est toujours indiqué sur la boite et dans la notice, dans le rectangle ou dans le chapitre "composition". Selon mon dictionnaire des médicaments, en mars 2022, les médicaments anti-inflammatoires commercialisés en France sont (par ordre alphabétique) : l'acéclofénac, l'acide niflumique, l'acide tiaprofénique, le célécoxib, le diclofénac, l'étodolac, l'étoricoxib, le flurbiprofène, l'ibuprofène, l'indométacine, le kétoprofène, le méloxicam, le nabumétone, le naproxène, le parécoxib, le piroxicam, le sulindac et le ténoxicam. La floctafénine et le rofécoxib ont été retirés du marché en raison de leurs effets indésirables.
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Lire aussi :
- Le véritable nom des médicaments
- Paracétamol : à bien utiliser pour plus de sécurité
- La revue Prescrire et les vaccins Covid - première partie et seconde partie
Crédit photo : n°1 - Danilo Alvesd sur Unsplash
n°2 - The U.S. Food and Drug Administration sur VisualHunt
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Sources
- Rédaction Prescrire "Douleur nociceptive chez un adulte - L'essentiel sur les soins de premier choix" Actualisation janvier 2022, 6 pages.
- Prescrire rédaction "Prescrire publie son bilan 2022 des médicaments à écarter des soins et à remplacer par de meilleures options" 1er décembre 2021. En accès libre sur le site Prescrire.
- Prescrire rédaction "Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2022" Rev Prescrire 2021 ; 41 (458) : 935-947.
- Prescrire rédaction "Interactions médicamenteuses, groupe de substances, AINS" janvier 2022, 8 pages.
- Solomon DH et coll. "NSAIDs: Pharmacology and mechanism of action" (mise à jour sept. 2021) ; "Nonselective NSAIDs: Overview of adverse effects" (mise à jour fév. 2022) ; Banikarim C et coll. "Primary dysmenorrhea in adolescents" (mise à jour sept. 2021) ; B Smith RP et coll. "Dysmenorrhea in adult females: Treatment" (mise à jour janv 2022) In: UpToDate, Post TW (Ed), UpToDate, Waltham, MA, USA.