Chaque mois, la revue indépendante Prescrire passe en revue les médicaments nouvellement commercialisés, ainsi que les nouvelles indications de médicaments déjà sur le marché. Elle en discute les mérites et démérites, par comparaison avec les autres traitements disponibles. Voici les médicaments qu’elle a examiné dans son numéro de novembre 2021.
En France comme dans de nombreux autres pays, pour commercialiser un médicament, il faut démontrer qu’il est plus efficace qu’un placebo (a). Il faut aussi que ses bénéfices potentiels semblent supérieurs à ses effets indésirables aux yeux de l’agence du médicament.
Mais ce n’est pas parce qu’un médicament est plus efficace que « rien » qu’il est plus efficace que les traitements qui sont déjà disponibles.
La rédaction Prescrire classe les médicaments en 6 catégories, en fonction de leur utilité, par comparaison avec les autres traitements disponibles. Voici les évaluations Prescrire des nouveaux médicaments dans le numéro de novembre 2021 (réf. 1).
Les médicaments sont nommés par leur dénomination commune internationale, autrement dit, par le nom que leur donne l’OMS. Le nom de marque est éventuellement indiqué entre parenthèses et marqué du signe °. Lire à ce sujet l’article « Le véritable nom des médicaments« .
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Bravo : 0 (zéro) - progrès thérapeutique majeur dans un domaine où nous étions démunis
Rien en novembre 2021
Intéressant : 0 (zéro) - progrès thérapeutique important, mais avec certaines limites
Rien en novembre 2021
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Apporte quelque chose : 4 (quatre) - apport limité
- Naloxone par voie nasale (Nyxoid°) pour éviter la mort en cas de surdose avec les dérivés de l'opium. En cas de coma dû à une surdose de dérivé opiacé (médicament ou "drogue"), la naloxone peut sauver la vie. Elle était disponible seulement sous forme injectable. Une forme nasale, facile à utiliser par l'entourage des malades, est très utile.
-Sofosbuvir (Sovaldi°) et sofosbuvir + lédipasvir (Harvoni°) contre l'hépatite C chronique chez les enfants à partir de 3 ans. En cas d'hépatite C chronique avec certains types génétiques de virus, l'association de sofosbuvir et de ribavirine ou de lédispasvir semble permettre l'élimination du virus chez presque tous les enfants. Dommage que les essais (non comparatifs) aient été limités à 180 enfants et à un suivi de quelques mois.
-Sofosbuvir + velpatasvir (Epclusa°) contre l'hépatite C chronique chez les enfants à partir de 6 ans et les adolescents. Une bonne efficacité contre les virus de l'hépatite C de tous types (comme c'est le cas chez les adultes), au prix d'effets indésirables généralement acceptables.
Remarque : Le prix du sofosbuvir demeure anormalement élevé. Lire à ce sujet "Le prix des médicaments : hors de contrôle".
- Atézolizumab (Tecentriq°) + bévacizumab (Avastin°) dans certains cancers du foie. Ce traitement a allongé d'environ 6 mois la durée de vie par comparaison avec un autre médicament, le sorafénib (Nexavar°) mais il a provoqué des troubles digestifs parfois graves (saignements parfois mortels).
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Éventuellement utile : 0 (zéro) – intérêt thérapeutique supplémentaire minime
Rien en novembre 2021
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N’apporte rien de nouveau : 5 (cinq) – substance sans plus d’intérêt clinique que les autres substances du même groupe
- Élasoméran (Spikevax°) vaccin anti-covid. Le vaccin anti-covid Moderna° est peu différent du tozinaméran (Comirnaty° de Pfizer). Son efficacité et ses effets indésirables semblent proches : fréquentes réactions au lieu d'injection et syndromes grippaux (fièvre et douleurs pendant quelques jours), rares inflammations du muscle cardiaque (myocardite) ou de son enveloppe (péricardite), qui régressent le plus souvent en quelques jours.
- Ixékisumab (Taltz°)dans les spondyloarthrites axiales (anciennement spondylarthrites ankylosantes) : des rhumatismes inflammatoires qui touchent surtout le bassin et la colonne vertébrale. Ne fait pas mieux que les autres médicaments immunosuppresseurs de type "anti-TNF apha". En cas d'échec d'un autre immunosuppresseur, il n'est efficace que dans 15% des cas, au prix d'effets indésirables parfois graves.
- Upadacitinib (Rinvoq°)dans les spondyloarthrites axiales avec signes radiologiques. N'a pas été comparé à d'autres immunosuppresseurs anti-TNF alpha.
- Sécukinumab (Cosentyx°)dans les spondyloarthrites axiales sans signes radiologiques. N'a pas été comparé à d'autres immunosuppresseurs anti-TNF alpha.
Remarque : Du fait de leur effet immunosuppresseur (= qui diminue fortement l'immunité),
les anti-TNF alpha peuvent notamment provoquer des infections et des cancers.
- peginterféron bêta-1a (Plegridy°) intramusculaire dans la sclérose en plaques. N'apporte rien de plus que le même médicament par voie injectable sous-cutanée.
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La rédaction ne peut se prononcer : 2 (deux)
- Lumasiran (Oxlumo°) et hyperoxalurie primitive de type 1 : une maladie génétique rare qui entraîne la formation d'une molécule (l'oxalate) en grande quantité, ce qui provoque des calculs urinaires et une insuffisance rénale. Les données sont insuffisantes pour savoir si le lumasiran rend ou non des services aux malades.
- Olaparib (Lynparza°) associé au bévacizumab (Avastin°) en "traitement d'entretien" de cancers de l'ovaire portant certaines mutations. Le traitement a retardé la survenue d'une aggravation de la maladie sur les radios, mais on ignore s'il prolonge la vie. Or ses effets indésirables sont parfois graves.
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Pas d’accord : 0 (zéro) – aucun avantage évident, mais des inconvénients possibles ou certains
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Je recommande à tous les professionnels de santé de ne pas se contenter des informations limitées de ce blog et d’aller lire les arguments détaillés à la source.
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a- Un placebo est « une substance sans principe actif (donc sans effet pharmacologique) mais dont la prise peut avoir un effet psychologique bénéfique pour le patient » ou encore (autre définition) « une préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d’un médicament pour son effet psychologique, dit effet placebo » (ref. 2). À noter qu’un placebo ou un médicament peut aussi avoir des effets négatifs, et provoquer des effets indésirables : c’est l’effet nocebo.
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Article rédigé par Jean Doubovetzky sans conflit d’intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l’assurance maladie et les compagnies d’assurance ou mutuelles. Date de publication : 7 janvier 2022.
Crédit Image : Gerhard G. sur Pixabay
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Sources
1- Prescrire Rédaction “Rubrique : Le rayon des nouveautés" Rev Prescrire 2021 ; 41 (457) : 805-818.
2- Prescrire Rédaction “Essais cliniques versus placebo : divers types de placebos, dits purs, impurs voire faux placebos" Rev Prescrire 2020 ; 40 (442) : 621-624.
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