L’association FORMINDEP (pour une inFORmation INDÉPendante en santé) demande simplement l’application de la loi : que les professionnels de santé qui interviennent en public annoncent leurs liens d’intérêt.
Une loi simple et précise impose la transparence
Selon le Code de la santé publique, les professionnels de santé qui ont des liens directs ou indirects avec des firmes pharmaceutiques ou avec les organismes qui les conseillent (comprenez, les entreprises de communication) « doivent faire connaître ces liens au public lorsqu’ils s’expriment » à propos des produits concernés.
En effet, si un médecin a perçu plusieurs dizaines de milliers d’euros de la part d’une firme pharmaceutique fabriquant tel ou tel type de médicament, il y a peu de chances pour qu’il en souligne les effets indésirables à la télévision. C’est du simple bon sens !
La loi s’applique aux manifestations publiques comme les conférences, à l’enseignement universitaire, en formation continue ou en direction des patients, à la presse écrite ou audiovisuelle et de manière générale à « toute publication écrite ou en ligne ».
Mais elle est peu respectée
Le site anti-knock.fr respecte évidemment cette obligation, et mon absence de conflit d’intérêt est indiquée au bas de chaque article. Je précise à chaque fois « Rédigé par Jean Doubovetzky sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles. »
Mais (avec quelques autres), mon blog est une exception. Combien de fois avez-vous vu mentionner les liens d’intérêt d’un intervenant médecin ou pharmacien (par exemple) à la radio, à la télévision, dans un article de journal ou sur internet ?
Les organismes chargés du contrôle presque inactifs
C’est l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) qui est chargée de surveiller les médias audiovisuels. Hélas, les journalistes qui interrogent des professionnels de santé ne semblent pas exiger qu'ils annoncent leurs conflits d’intérêt. L’ARCOM devrait mettre en garde et si besoin sanctionner les médias ne respectant pas la loi, mais elle ne prend guère d’initiative dans le domaine de la transparence de l’information médicale.
Pour les professionnels de santé, ce sont les ordres des médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, etc. qui devraient les avertir et les sanctionner. Hélas, là encore, le laxisme semble de rigueur.
La transparence des liens d’intérêt est essentielle
Pour l’association FORMINDEP (pour une inFORmation INDÉPendante en santé), la publication des liens d’intérêt « permet au public de faire des choix éclairés sur sa santé (…) [et] aide à restaurer, en partie, la confiance envers les professionnels de santé et les médias ». D’un point de vue éthique, « les professionnels de santé doivent se sentir responsables de l'impact de leurs recommandations sur la santé publique » et « il est de notre devoir collectif de garantir que l'information médicale soit fondée sur des faits et non influencée par des intérêts personnels ». Je partage tout à fait ces points de vue.
D’autant plus qu’il est démontré depuis longtemps que les avantages reçus par les médecins en provenance des firmes pharmaceutiques, même petits, ont une influence sur leurs prescriptions, donc forcément sur leur discours.
Chacun peut agir
Il est possible à tout membre du public de signaler les programmes qui ne respectent pas l’honnêteté et la transparence de l’information médicale. Il suffit de suivre se rendre sur la page internet dédiée de l’ARCOM (fusion du CSA et de l’HADOPI).
Le FORMINDEP recommande de répondre de la manière suivante au questionnaire : [Précisez le cadre de votre alerte] : « J’ai été choqué par le contenu d’une séquence ou d’un programme » ; [Sélectionnez une thématique] : « Conditions de traitement et transparence de l’information » ; [Présentation et traitement de l’information] : « Manque d’honnêteté et de rigueur de l’information » ; [Décrivez plus précisément votre alerte] : « Le médecin (ou autre professionnel de santé) n’a pas annoncé ses liens d’intérêt lors de sa présentation comme l’exigent les articles L4113-13 et R4113-110 du Code de Santé Publique. Je n’ai donc pas pu me faire une opinion sur l’information délivrée ».
On il faut espérer que la répétition des signalement poussera l’ARCOM à adopter une règlementation plus exigeante en matière de transparence santé, et à la diffuser auprès des médias.
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Lire aussi :
– "Comment la firme Urgo a corrompu des milliers de pharmaciens"
– "Le Dr Knock et les médias"
– "La Charte des médecins de Cantepau"
– "Accélérer l’effondrement du système de santé"
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Sources :
- FORMINDEP "L’ARCOM et l’honnêteté de l’information médicale : un appel à la transparence" 22 octobre 2024 et "Alertez l’ARCOM du manque de transparence de l’information" https://formindep.fr.
- Article L4113-13 et article article R4113-110 du Code de la Santé Publique, https://www.legifrance.gouv.fr/
- Prescrire Rédaction "Influence des avantages acceptés par les médecins en France" Prescrire 2020 ; 40 (437) : 213.
– La Troupe du Rire "Pourquoi garder son indépendance face aux laboratoires pharmaceutiques ?", janvier 1016.
Crédits photo :
- Image n°1 : "Ilmungo" par Luigi Anzivino sur Flickr (recadré)
- Image n°2 : Infographie "Pourquoi garder son indépendance face aux laboratoires pharmaceutiques ?" par La Troupe du Rire (recadré)