Vacciner tous les enfants contre la grippe ? Non !

Par le 3 février 2024, actualisé le 08 Fév 24.

La Haute autorité de santé française a recommandé de vacciner tous les enfants âgés de 2 à 17 ans. Les bénéfices de cette vaccination sont pourtant bien faibles.

Vraie et fausse grippe

Quand on parle de grippe, on pense en général à une maladie virale provoquant un rhume (nez bouché, nez qui coule), une toux, des courbatures et une fièvre plus ou moins élevée. Chez les enfants, ils peuvent aussi s’accompagner de mal de ventre, de nausées (envie de vomir) ou de diarrhée. En réalité, dans la plupart des cas, ces maladies appelées « syndromes grippaux » ne sont pas dus au virus de la grippe mais à d'autres virus : virus respiratoire syncytial ou VRS, des adénovirus ou des rhinovirus. Il est exceptionnel que ces syndromes grippaux se compliquent et soient dangereux.
La « vraie grippe », due aux virus grippaux (ou virus influenza) provoque des épidémies plus ou moins graves qui surviennent environ une fois par an. En France et dans les autres pays à climat tempéré, les épidémies de grippe surviennent l’hiver : c’est pour cela que les campagnes de vaccination ont lieu à l’automne.

Les buts de la vaccination contre la grippe

La vaccination grippale est sans effet sur les divers virus qui provoquent les rhinopharyngites (ou rhinos) si fréquentes chez les enfants. Elle est également inactive sur les coronavirus. En fait, elle ne protège (partiellement) que contre le virus des véritables épidémies de grippe.
Alors pourquoi faudrait-il vacciner les enfants contre la grippe ? Se vacciner pour éviter quelques jours de fièvre, un rhume et quelques courbatures est sans grand intérêt. Les véritables buts de la vaccination sont de diminuer le risque d’être hospitalisé et le risque de mourir en raison d’une complication grave de la grippe. Dans un but de santé publique, il pourrait aussi être intéressant de diminuer le risque de contamination des personnes fragiles ou bien le nombre de consultations liées à la grippe.

Les trois virus vus ici au microscope sont le Virus respiratoire syncytial ou VRS
(en haut à gauche), le coronavirus du covid ou SARS-COV2 (en bas)
et le virus influenza ou virus de la grippe (en haut à droite).
Tous les trois peuvent donner des symptômes assez semblables.

Vacciner tous les enfants contre la grippe est peu utile

Selon une analyse combinant 41 essais comparatifs, les vaccins anti-grippaux sont efficaces pour faire diminuer le risque de grippe confirmée en laboratoire. Comme les grippes véritables ne représentent qu’une petite proportion des syndromes grippaux, l’effet n’est pas si important. Globalement, sur 1000 enfants, 121 auraient un syndrome grippal s’ils ne sont pas vaccinés, contre 83 s’ils sont vaccinés.
Mais ce qui compte vraiment, ce sont les grippes graves. Rien ne montre que chez les enfants, la vaccination permet de diminuer les hospitalisations ou des morts dues aux complications de la grippe. Et pour ce qui concerne la protection des populations fragiles contre les maladies transmises par les enfants, on n’a pas de données montrant une diminution du risque de maladie, d’hospitalisation ou de mort des personnes âgées proches des enfants vaccinés. Vacciner tous les enfants n’a donc rien d’indispensable.
Cela n’est pas très étonnant. Il est vrai que la grippe peut se compliquer de pneumonie et éventuellement tuer. Mais chez les enfants en bonne santé, ce risque est absolument minime, et il est toujours difficile de faire diminuer un risque qui est déjà très bas.

Vacciner les enfants à haut risque est important

Ce n’est pas la même chose chez les enfants malades ou handicapés dont le système cardio-respiratoire est fragile ou dont les défenses contre les microbes sont affaiblies. Dans ces cas, le risque est plus important, et la vaccination est justifiée à partir de l’âge de 6 mois. Il s’agit des enfants porteurs de malformations cardiaques ou pulmonaires sérieuses, de mucoviscidose, d’asthme grave, de diabète mal équilibré (le risque diminue si le diabète est bien équilibré) ou d’immunodépression (diminution de l’immunité).
Chez ces enfants, la vaccination anti-grippale est utile à partir de l’âge de 6 mois.

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a- Par comparaison, dans les pays développés, en un an, la grippe provoque la mort d'environ 12 à 13 personnes âgées de 50 à 64 ans sur 100 000, et 132 adultes de plus de 65 ans sur 100 000.

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Sources
- Haute autorité de santé “Révision de la stratégie de vaccination contre la grippe saisonnière. Évaluation de la pertinence de l’extension de la vaccination chez les enfants sans comorbidité. Argumentaire” 2 février 2023 : 192 pages.
- Prescrire Rédaction “Vaccination généralisée des enfants contre la grippe - Pas d’efficacité démontrée sur les complications chez les enfants vaccinés, ni dans leur entourage” Prescrire 2023 ; 43 (481) : 844-847 et “Vacciner les enfants contre la grippe ? Seule- ment en cas de risque élevé de complication grave” Prescrire 2003 ; 23 (245) : 852-856.

Crédits photo :
- Image n°1 : "Pertussis" par CDC sur Wikipedia (recadré)
- Image n°2 : "Triple Threat" par NIAID sur Flickr (recadré)

Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Vacciner tous les enfants contre la grippe ? Non !" ; 03 Fév 2024 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-medicaments/vacciner-tous-les-enfants-contre-la-grippe-non/)
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