Diabète de type 2 : les médicaments à éviter

Par le 11 mai 2024, actualisé le 11 Mai 24.

Choisir un objectif raisonnable pour la glycémie et l’hémoglobine glyquée. Changer raisonnablement son mode de vie. S’occuper de son coeur et de sa forme. Éviter les médicaments dont l’efficacité n’est pas démontrée et qui présentent des risques sérieux. Voilà quelques règles simples pour ne pas gâcher sa vie à essayer de la prolonger. 

Les médicaments sont nommés par leur dénomination commune internationale, autrement dit, par le nom que leur donne l'OMS (sans majuscule, en italiques). Le nom de marque est éventuellement indiqué entre parenthèses et marqué d'une majuscule et du signe °. Lire à ce sujet l'article "Le véritable nom des médicaments".

Les multiples buts du traitement anti-diabétique 

La glycémie est le taux de glucose dans le sang. On sait depuis longtemps que si la glycémie est trop élevée, des complications se produisent : atteinte du coeur (risque d’infarctus), des vaisseaux (risque d’AVC), du rein (risque d’insuffisance rénale), des yeux (risque d’atteinte de la rétine), des défenses immunitaires (risques d’infections), des nerfs (risque de perte de sensibilité), etc.
Le but des traitements anti-diabète est avant tout de diminuer les risques de complication. Faire baisser la glycémie n’est qu’un des moyens de diminuer ces risques. Il est important de réaliser que le traitement ne se limite pas aux médicaments qui font baisser la glycémies. Ces médicaments antidiabétiques doivent s’accompagner d’une diminution du poids, d’une augmentation de l’exercice physique, d’une lutte contre l’hypertension artérielle, d’une surveillance des yeux, de précautions pour éviter les complications infectieuses, de cesser de fumer, etc. Sans quoi les médicaments sont inefficaces pour améliorer la santé, c'est-à-dire pour diminuer le risque de complication.
En pratique, on contrôle rarement la glycémie à jeun, qui ne donne qu’un résultat ponctuel. On dose plutôt l’hémoglobine glyquée (ou HbA1c) qui donne un aperçu de la glycémie moyenne sur environ 3 mois. 

Au tout début du diabète

Lorsque le diagnostic est fait, un bilan général est habituellement proposé, qui prend en compte le coeur, la tension artérielle, la vision, l’état des reins, etc. Le traitement prioritaire est la perte de poids et l’augmentation de l’exercice physique. Il est important de réaliser que ces modifications du mode de vie (diététique et exercice) allongent très probablement la durée de vie. Elles ne doivent cependant pas être extrêmes. Une perte de 5 à 10 % du poids est généralement possible, et permet une amélioration de la santé. Cela représente 5 à 10 kilos pour une personne qui pèse 100 kilos. Dans certains cas, ces mesures suffisent à retrouver une glycémie correcte.
Le médicament antidiabétique proposé en premier est très généralement la metformine, dont l’efficacité est la moins mal démontrée, et qui semble augmenter la durée de la vie. S'il n’est pas supporté ou s'il est contre-indiqué, d’autres médicaments sont possibles, comme ceux de la famille des sulfamides hypoglycémiants, ou des insulines (a).

En cas de surpoids ou d'obésité,
améliorer son alimentation pour perdre 5 à 10% de son poids
et avoir une activité physique régulière
est au moins aussi important que prendre des médicaments.

En second recours

En cas d’échec ou d’efficacité insuffisante des traitements non médicamenteux et de la metformine (ce qui est souvent le cas au bout de quelques temps car la maladie progresse), d’autres traitements peuvent être ajoutés.
- En cas d’obésité dite sévère, avec un indice de masse corporelle (IMC) de 35 ou plus, une intervention chirurgicale sur l’estomac (chirurgie bariatrique) peut se discuter. Elle permet parfois de ramener la glycémie à la normale et améliore l’état de santé. Par exemple elle diminue les douleurs des hanches et des genoux, et elle semble augmenter la durée de vie.
- Les « glutides » (ou « incrétinomimétiques » ou « analogues du GPL-1 « ). L’ajout d’un « glutide » à la metformine permet de faire baisser la glycémie et aide à la perte de poids. Le dudaglutide (Trulicity°), le liraglutide (Victoza°) et le sémaglutide (Ozempic°) permettent de diminuer le risque d’accident cardiovasculaire. Le sémaglutide et le dulaglutide nécessitent une seule injection sous cutanée par semaine.
- Les « gliflozines » font baisser la glycémie en faisant passer des sucres dans les urines. La dapagliflozine (Forgixa°) semble celle dont l’efficacité est la mieux démontrée pour améliorer la glycémie tout en luttant contre l'insuffisance cardiaque.

Médicaments à éviter : les gliptines

Les gliptines (ou incrétinomimétiques ou inhibiteurs de la DPP-4) stimulent la sécrétion d’insuline après les repas. Certes, elles permettent une (modeste) diminution de l’hémoglobine glyquée, qui représente la glycémie. Mais elles n’ont pas d’efficacité démontrée sur les complications du diabète. Et elles peuvent avoir des effets indésirables graves, comme certaines réactions allergiques graves, des infections, des pancréatites, des obstructions intestinales et pour certaines, des cancers.
Absence de bénéfice démontré + effets indésirables graves = médicament à éviter ! 

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a- Les sulfamides hypoglycémiants disponibles en France début 2024 sont le glibenclamide,(Daonil° et autres), le gliclazide (Diamicron° et autres), le glimépiride (Amarel° et autres) et le glipizide (Glibenèse°, Ozidia° et autre). 

b- Les gliptines disponibles en France début 2024 sont l’alogliptine (Vipidia° ; et associée avec la metformine dans Vipdomet°), la linagliptine (Trajenta° ; et associée avec la metformine dans Jentadueto°), la saxagliptine (Onglyza° ; et associée avec la metformine dans Komboglyze°), la sitagliptine (Januvia°, Xelevia° ou autre ; et associée avec la metformine dans Janumet°, Velmetia° ou autre) et la vildagliptine (Galvus° ou autre ; et associée avec la metformine dans Eucreas° ou autre)

Lire aussi 
–  Dangers des boissons sucrées, même "100 % fruits" ou "light"
– Le diabète d’autrefois 
– La médecine n’a pas pour but de guérir des maladies
– Comparer les médicaments : pas n'importe comment

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Sources 
Prescrire Rédaction “Premiers choix Prescrire "Diabète de type 2 chez un adulte" Guide Prescrire - Mise à jour septembre 2023, 7 pages ; "Diabétologie, nutrition, diabète" In "Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2024" Rev Prescrire 2023 ; 43 (482) : 934-945. 
- Robertson RP, Udler MS et coll. "Pathogenesis of type 2 diabetes mellitus", Wexler DJ et coll. "Initial management of hyperglycemia in adults with type 2 diabetes mellitus", Inzucchi SE, Lupsa B et coll. "Glycemic management and vascular complications in type 2 diabetes mellitus", In: UpToDate, Post TW (Ed), UpToDate, Waltham, MA, USA. (Mise à jour en avril 2024).

Crédits photo : 
Image n°1 : "Cristaux de sucre de canne" par C A Minic sur Flickr (recadré)
Image n°2 : "The rocks are slippery"par E Parker sur Flickr (recadré)

Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Diabète de type 2 : les médicaments à éviter" ; 11 Mai 2024 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-medicaments/diabete-de-type-2-les-medicaments-a-eviter/)
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