Pros : Prescrire, juillet 2024 : médicaments utiles et inutiles

Par le 2 octobre 2024, actualisé le 03 Oct 24.

Chaque mois, la revue indépendante Prescrire passe en revue les médicaments nouvellement commercialisés, ainsi que les nouvelles indications de médicaments déjà sur le marché. Elle en discute les mérites et démérites, par comparaison avec les autres traitements disponibles. Voici les médicaments qu'elle a examinés dans son numéro de juillet 2024. 

POUR LES PROS : 
L'article qui suit est complexe, et traite de maladies relativement rares. Il intéressera surtout les professionnels de santé, ainsi que les personnes atteintes par ces maladies et leurs proches.

En France comme dans de nombreux autres pays, pour commercialiser un médicament, il faut démontrer qu'il est plus efficace qu'un placebo (a). Ses bénéfices potentiels doivent aussi sembler supérieurs à ses effets indésirables.
La rédaction Prescrire compare les effets cliniques des médicaments à ceux des autres traitements disponibles et les classe en 6 catégories, en fonction de leur utilité.Voici les évaluations Prescrire des nouveaux médicaments dans le numéro de juillet 2024 (réf. 1).Les médicaments sont nommés par leur dénomination commune internationale, autrement dit, par le nom que leur donne l'OMS (sans majuscule, en italiques). Le nom de marque est éventuellement indiqué entre parenthèses et marqué d'une majuscule et du signe °. Lire à ce sujet l'article "Le véritable nom des médicaments". Les prix indiqués proviennent de Prescrire et sont arrondis à l’euro le plus proche.

Bravo : Aucun - progrès thérapeutique majeur dans un domaine où nous étions démunis

Rien en juillet 2024

Intéressant : Aucun - progrès thérapeutique important, juillets avec certaines limites

Rien en juillet 2024

Apporte quelque chose : Aucun - apport limité

Rien en juillet 2024

Éventuellement utile : 4 - intérêt thérapeutique supplémentaire minime

lorazépam injectable (Lorazépam Xilmac°) dans la prémédication avant chirurgie ou les états d’anxiété et d’agitation. Dans ces situations, on ne sait pas si le lorazépam est plus efficace que le diazépam, mais il est éliminé plus vite, ce qui diminue le risque de diminution prolongée de la vigilance.
vaccin zona gE/AS01B (Shingrix°) pour éviter le zona. Le bénéfice de ce vaccin est mince : pour 1000 personnes vaccinées, il évite 9 zonas et 1 cas de douleurs persistantes. Mais il peut être utile chez des personnes aui ont eu une autogreffe de certaines cellules sanguines et courent un risque élevé de zona et de douleurs.
timolol + latanoprost en collyre sans conservateur (Fixapost°) dans les glaucomes et hypertensions de l’œil. Ces gouttes peuvent être utiles aux personnes qui ne supportent pas les conservateurs.
nifédipine (Mapakna LP°) dans la menace d’accouchement prématuré. Ce traitement par voie orale semble éviter quelques admissions de nouveau-nés en soins intensifs, par rapport à l’atosiba, par voie intraveineuse. Mais il provoque peut-être plus d’effets indésirables.

L’agence française et l’agence européenne du médicament autorisent souvent des traitements destinés aux enfants sans qu’ils aient été correctement étudiés.
La dose efficace ne fait pas toujours l'objet d'expérimentations. Elle est simplement déduite des études faites chez des adultes et des adolescents, ce qui peut aboutir à une diminution d’efficacité ou à une augmentation des effets indésirables. La forme n’est pas toujours adaptée. Par exemple, les comprimés peuvent être trop gros. C’est le cas avec le Genvoya° chez les enfants de 2 à 6 ans. Pour Prescrire, la dose recommandée trop élevée et comprimés difficiles à avaler pour les enfants alors qu’on ne doit ni les croquer ni les écraser…

N'apporte rien de nouveau : 3 - substance sans plus d'intérêt clinique que les autres substances déjà disponibles

– tirzépatide (Mounjaro°) dans le diabète de type 2. Cette substance n’a pas été comparée aux sémaglutide et au dulaglutide, mais dans des essais où ces médicaments étaient sous-dosés. En pratique, impossible de dire qu’il s’agit d’un progrès.
naloxone 1,26 mg par voie nasale (Ventizolve°) dans les surdoses d’opioïdes. Pais mieux que le spray qui existe déjà. Il est bon qu’il soit accessible sans ordonnance, mais regrettable qu’on ne le trouve que dans les centres d’addictologie.
– niraparib + abiratérone (Akeega°) dans certains cancers de la prostate avec métastases, résistant au traitement. Le délai avant l’aggravation de la maladie est retardé, mais la vie n’est pas prolongée et les douleurs ne sont pas diminuées. Alors qu’il y a des effets indésirables graves, parfois mortels.

Pas d’accord : 2

- ténofovir alafénamide + emtricitabine + elvitégravir + cobicistat (Genvoya°) dans l’infection à VIH chez les enfants à partir de 2 ans. À cet âge, malheureusement, on manque de données pour savoir si le médicament est bien dosé.
brimonidine en collyre 0,25 mlg/ml (Lumobry°) dans les rougeurs oculaires. Ces gouttes font se contracter les vaisseaux de l’oeil, qui paraît moins rouge. Cela ne soigne pas : l’effet est seulement cosmétique. Au prix d’effets indésirables parfois graves.

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La rédaction ne peut se prononcer : Aucun

- Rien en juillet 2024  

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Mauvaises nouvelles : 1 

La tianeptine (Stablon° ou autres) toujours commercialisée comme antidépresseur. Ce médicament n’a pas d’efficacité démontrée supérieure à celle d’un placebo. Et ses effets indésirables sont parfois graves (affections graves de la peau, toxicomanies, convulsions, comas), voire mortels. L’Agence du médicament serait bien inspirée d’organiser son retrait du marché.

Bonnes nouvelles : Aucune

- Rien en juillet 2024 

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a- Un placebo est "une substance sans principe actif (= sans effet pharmacologique) juillets dont la prise peut avoir un effet psychologique bénéfique pour le patient" ou encore (autre définition) "une préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique, dit effet placebo" (réf. 2). À noter qu'un placebo ou un médicament peut aussi avoir des effets négatifs, et provoquer des effets indésirables : c'est l'effet nocebo.

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Lire aussi : 
Les objectifs des traitements et des diagnostics
La médecine n'a pas pour but de guérir des maladies
Médicaments à ne pas utiliser : 2024

Sources :
1- Prescrire Rédaction “Rubrique : Le rayon des nouveautés" Rev Prescrire 2024 ;44 (489) : 484-509. 
2-Prescrire Rédaction “Essais cliniques versus placebo : divers types de placebos, dits purs, impurs voire faux placebos" Rev Prescrire 2020 ; 40 (442) : 621-624.

Crédits photo :
Image n°1 : "Quelques numéros de Prescrire 2024" par Jean Doubovetzky.
Image n°2 : "P. Bruegel l’ancien, « Les jeux d’enfants » (1560)" Kunsthistorisches Museum de Vienne (domaine public, recadré). L’original représente 137 garçons et 93 filles jouant à 83 jeux différents.

Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Pros : Prescrire, juillet 2024 : médicaments utiles et inutiles" ; 02 Oct 2024 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-medicaments/pros-prescrire-juillet-2024-medicaments-utiles-et-inutiles/)
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