Pros : Prescrire, septembre 2023 : médicaments utiles et inutiles

Par le 19 novembre 2023, actualisé le 19 Nov 23.

Chaque mois, la revue indépendante Prescrire passe en revue les médicaments nouvellement commercialisés, ainsi que les nouvelles indications de médicaments déjà sur le marché. Elle en discute les mérites et démérites, par comparaison avec les autres traitements disponibles. Voici les médicaments qu'elle a examinés dans son numéro de septembre 2023.

En France comme dans de nombreux autres pays, pour commercialiser un médicament, il faut démontrer qu'il est plus efficace qu'un placebo (a). Ses bénéfices potentiels doivent aussi sembler supérieurs à ses effets indésirables.
La rédaction Prescrire compare les effets cliniques des médicaments à ceux des autres traitements disponibles et les classe en 6 catégories, en fonction de leur utilité. Voici les évaluations Prescrire des nouveaux médicaments dans le numéro de septembre 2023 (réf. 1). Les médicaments sont nommés par leur dénomination commune internationale, autrement dit, par le nom que leur donne l'OMS (sans majuscule, en italiques). Le nom de marque est éventuellement indiqué entre parenthèses et marqué d'une majuscule et du signe °.
Lire à ce sujet l'article "Le véritable nom des médicaments".

Bravo : Aucun - progrès thérapeutique majeur dans un domaine où nous étions démunis

Rien en septembre 2023

Intéressant : Aucun - progrès thérapeutique important, mais avec certaines limites

Rien en septembre 2023

Apporte quelque chose : Aucun - apport limité

Rien en septembre 2023

Éventuellement utile : 1 -intérêt thérapeutique supplémentaire minime

- nirsévimab (Beyfortus°) en prévention des infections par le VRS chez les nourrissons. Le virus respiratoire syncytial (VRS) est à l’origine de bronchiolites et de pneumonies, généralement sans danger chez les nourrissons en bonne santé, parfois graves chez les prématurés ou les nourrissons atteints de maladies cardiaques ou pulmonaires. Le nirsévimab est un anticorps qui réduit la pénétration du virus dans les cellules. Il diminue les formes graves et les hospitalisations, en particulier chez les nourrissons à haut risque, après une seule injection intramusculaire, au lieu d’une par mois pour le palavizumab.

N'apporte rien de nouveau : 5- substance sans plus d'intérêt clinique que les autres substances déjà disponibles

- vaccin pneumococcique conjugué à 20 valences (Apexxnar°) chez les adultes. Il a été comparé aux autres vaccins pneumococciques sur la réponse immune, mais pas sur le nombre réel d’infections ni sur leur gravité. Dommage…

- diméthyle fumarate (Tecfidera°) dans la sclérose en plaques des adolescents. Un seul essai, sans aveugle, chez seulement 156 adolescents. Pas de progrès démontré par rapport à l’interféron bêta. Des effets indésirables graves. Et on ne connaît pas ses éventuels effets sur la croissance…

- abémaciclib (Verzenios°) + hormonothérapie dans certains cancers du sein. Dans un essai sur plus de 5000 patientes opérées d’un cancer du sein à un stade précoce mais à haut risque de rechute, pas de diminution de la mortalité. Un peu moins de récidives, mais plus d’effets indésirables graves. Attendons d’en savoir plus.

- atézolizumab (Tecentriq°) en traitement adjuvant de certains cancers bronchiques (dits « non à petites cellules »). Autorisation fondée sur une analyse non prévue du sous-ensemble d'un essai non aveugle au protocole plusieurs fois modifié… En bref, fondée sur rien de probant.

- téclistamab (Tecvayli°) dans le myélome multiple. Dans cette sorte de cancer du sang, en cas d’aggravation après plusieurs traitements, ce médicament a seulement été testé dans un essai non comparatif. Pas de preuve d’efficacité, donc, et des effets indésirables graves, parfois mortels.


Attention, les traitements pris par une femme enceinte peuvent avoir des effets,
non seulement sur la formation des organes (en début de grossesse),
mais aussi sur leur développement, et encore des effets après la naissance.
Pour l’ustékinumab, ces effets peuvent durer plusieurs mois

Pas d'accord : 1 - Aucun

Rien en septembre 2023

La rédaction ne peut se prononcer : 1

- axicabtagène ciloleucel (Yescarta°) dans certains lymphomes B. Dans ces cancers du sang, après échec d’un autre traitement ou en rechute, ce médicament a allongé le délai avant aggravation. Mais on ne sait pas s’il allonge la durée de vie. Et dans l'essai, tous les patients ont eu au moins un événement indésirable, souvent grave.

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Mauvaises nouvelles : 2

- Attention au zonisamide (Zonegran°). Cet antiépileptique a des propriétés communes avec le topiramate. S’il est pris pendant la grossesse, il pourrait provoquer des malformations graves de l’enfant à naitre. Mieux vaut s’assurer de l’absence de grossesse et commencer une contraception efficace avant d’en prendre.

- En cas de prise d’ustékinumab (Stelara°) par la mère pendant la grossesse, les nourrissons présentent une immunodépression qui dure plusieurs mois. Il faut éviter les vaccinations à vaccins vivants : BCG ; rougeole, oreillons, rubéole ; rotavirus : fièvre jaune jusqu’à l’âge de 6 mois ou jusqu’à ce que l’ustékinumab ne soit plus détectable dans une analyse sanguine.

Bonnes nouvelles : 1

- ribociclib (Kysqali°)(+ inhibiteur de l’aromatase) allonge la vie dans certains cancers du sein. En cas de cancer du sein avancé ou avec métastases, on n’a pas de traitement qui guérisse. On peut cependant soulager les symptômes et allonger la durée de vie. Associé à un inhibiteur de l’aromatase (le létrozole), le ribociclib allonge d’environ un an la durée médiane de survie. C’est mieux que l’abémacicib et que le palbociclib qui n’ont actuellement pas donné de résultat positif statistiquement significatif. Le résultat n’apparaît cependant qu’au bout de 2 ans, et ses effets indésirables sont pénibles.

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a- Un placebo est "une substance sans principe actif (= sans effet pharmacologique) mais dont la prise peut avoir un effet psychologique bénéfique pour le patient" ou encore (autre définition) "une préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique, dit effet placebo" (réf. 2). À noter qu'un placebo ou un médicament peut aussi avoir des effets négatifs, et provoquer des effets indésirables : c'est l'effet nocebo.

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Lire aussi :
- Les objectifs des traitements et des diagnostics
- Traitements : les essais comparatifs sont indispensables
- Des médicaments à ne pas utiliser : 2023

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Sources
1- Prescrire Rédaction “Rubrique : Le rayon des nouveautés" Rev Prescrire 2023 ; 43 (479) : 645-666.
2- Prescrire Rédaction “Essais cliniques versus placebo : divers types de placebos, dits purs, impurs voire faux placebos" Rev Prescrire 2020 ; 40 (442) : 621-624.

Crédits photo :
- Image n°1 : "Thermometer-medications-tablets" par Steve Buissinne sur Pixabay (recadré)
- Image n°2 : "Grossesse" par Kristina Servant sur Flickr (recadré)

Rédigé par sans lien d'intérêt, notamment avec les firmes pharmaceutiques, leurs officines de communication, l'assurance maladie et les compagnies d'assurance ou mutuelles.

CITER: Jean Doubovetzky "Pros : Prescrire, septembre 2023 : médicaments utiles et inutiles" ; 19 Nov 2023 ; site internet Anti Dr Knock (https://anti-knock.fr/blog-medicaments/pros-prescrire-septembre-2023-medicaments-utiles-et-inutiles/)
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